{"id":2283,"date":"2023-08-29T06:41:01","date_gmt":"2023-08-29T06:41:01","guid":{"rendered":"https:\/\/237check.org\/?p=2283"},"modified":"2023-08-29T06:41:05","modified_gmt":"2023-08-29T06:41:05","slug":"vrai-lenvironnement-paie-le-prix-du-conflit-boko-haram-a-lextreme-nord-cameroun","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/237check.org\/fr\/2023\/08\/29\/vrai-lenvironnement-paie-le-prix-du-conflit-boko-haram-a-lextreme-nord-cameroun\/","title":{"rendered":"VRAI : L’environnement paie le prix du conflit Boko Haram \u00e0 l’Extr\u00eame Nord Cameroun"},"content":{"rendered":"

La crise n\u00e9e du fait de la pr\u00e9sence de Boko Haram dans la r\u00e9gion de l\u2019Extr\u00eame Nord du Cameroun a non seulement caus\u00e9 d’immenses souffrances humaines et des d\u00e9placements massifs de population, mais elle a \u00e9galement eu des cons\u00e9quences graves sur l’environnement. Alors que les conflits arm\u00e9s et l’instabilit\u00e9 continuent de s\u00e9vir dans la r\u00e9gion, les cons\u00e9quences environnementales sont de plus en plus visibles.<\/em><\/strong><\/p>\n\n\n\n

Dans le communiqu\u00e9 de presse N\u00b0<\/strong>2023\/077\/AFW rendu public le 21 Juin 2023, la Banque mondiale rel\u00e8ve que l’Extr\u00eame-Nord, \u201cest la deuxi\u00e8me r\u00e9gion la plus peupl\u00e9e et l’une des plus pauvres du Cameroun\u201d<\/em>. Selon ce m\u00eame document qui peut \u00eatre consult\u00e9 sur le site www.reliefweb.in<\/a>, cette r\u00e9gion \u201csubit les cons\u00e9quences d\u00e9vastatrices de la crise s\u00e9curitaire li\u00e9e \u00e0 Boko Haram\u201d<\/em> qui a son tour accentue \u201c l’impact du changement climatique, exacerbant ainsi les conditions de vie pr\u00e9caires des communaut\u00e9s locales\u201d.<\/em><\/p>\n\n\n\n

D\u00e9forestation<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Dans une publication scientifique  intitul\u00e9e: \u201cCrises environnementales et conflits Boko Haram-Forces Arm\u00e9es\u201d parue dans la revue Afrique et Science Nr. 00195- 17 mai 2016 et mis \u00e0 la port\u00e9e de tous sur www.Africa-and-science.com, Armel Mewouth son auteur, sp\u00e9cialiste en climat et \u00e9nergie renouvelable soutient que la crise de Boko Haram a entra\u00een\u00e9 une d\u00e9forestation g\u00e9n\u00e9ralis\u00e9e dans la r\u00e9gion. Selon cette publication, alors que les populations d\u00e9plac\u00e9es cherchent refuge et \u00e9tablissent des camps de fortune dans les zones bois\u00e9es, la demande de bois de chauffe augmente, ce qui entra\u00eene une exploitation foresti\u00e8re intensive. Selon des enqu\u00eates men\u00e9es par ses soins, les militants de Boko Haram se sont livr\u00e9s \u00e0 des activit\u00e9s d’abattage ill\u00e9gal pour financer leurs op\u00e9rations. Contact\u00e9e par t\u00e9l\u00e9phone, Amina Akoum, journaliste et habitante de Kousseri va de ce sens en confirmant que les populations qui ont tout perdu de Boko Haram, ont contribu\u00e9 \u00e0 l\u2019acc\u00e9l\u00e9ration de la d\u00e9forestation en coupant les arbres pour vendre ou faire du charbon afin de subvenir \u00e0 leurs besoins. En outre, en 2015 pour assurer la s\u00e9curit\u00e9 des villages r\u00e9guli\u00e8rement attaqu\u00e9s par les djihadistes, l\u2019arm\u00e9e s\u2019est vu dans l\u2019obligation de couper des arbres pour les d\u00e9loger de leurs cachettes. <\/p>\n\n\n\n

Dans un tel contexte, la perte d’arbres perturbe non seulement l’\u00e9quilibre \u00e9cologique d\u00e9licat, mais contribue \u00e9galement \u00e0 l’\u00e9rosion des sols, \u00e0 la r\u00e9duction de la biodiversit\u00e9 et aggrave le changement climatique. Ce que plusieurs ignorent, c\u2019est qu\u2019\u00ab au cours de leur fuite, les combattants de cette secte mettent le feu dans les plantations ou dans le peu de v\u00e9g\u00e9tation encore visible<\/em> \u00bb contribuant par ce fait \u00ab \u00e0 la d\u00e9gradation des sols cultivables et surtout \u00e0 l\u2019accentuation du ph\u00e9nom\u00e8ne de d\u00e9sertification \u00bb<\/em> fait-il savoir.<\/p>\n\n\n\n

Le 6 novembre 2019, lors d’une conf\u00e9rence de presse tenue \u00e0 Yaound\u00e9, \u00e0 l’occasion de la journ\u00e9e internationale de la pr\u00e9vention de l’exploitation de l’environnement en temps de guerre, Didier Yimba, le directeur de l’ONG World Action Phyto Protection (Wapp), a expos\u00e9 la situation environnementale du Cameroun en termes d’impact caus\u00e9 par les conflits arm\u00e9s et l’ins\u00e9curit\u00e9 dans certaines r\u00e9gions. Comme on peut le lire sur www.mediaterre.org\/afrique-centrale<\/a>, Didier Yimkoua,<\/em> confirme que \u201cles milliers de r\u00e9fugi\u00e9s install\u00e9s des camps de Minawa dans l\u2019Extr\u00eame-Nord du Cameroun du fait des assauts de Boko Haram, ont fortement d\u00e9grad\u00e9 l\u2019\u00e9cosyst\u00e8me constitu\u00e9 de savane arbustive, en les coupant pour faire le feu de chauffage. Bien plus, l\u2019ins\u00e9curit\u00e9 ambiante dans cette r\u00e9gion a stopp\u00e9 les activit\u00e9s de conservation et de gestion durable des ressources naturelles, \u00e0 l\u2019exemple du projet Sahel vert\u201d.<\/em><\/p>\n\n\n\n

Destruction de la faune<\/strong><\/p>\n\n\n\n

Toujours dans son ouvrage cit\u00e9 plus haut, Armel Mewouth atteste que ce conflit a \u00e9galement eu un impact d\u00e9vastateur sur la faune de la r\u00e9gion. Ce dernier explique que suite au contexte conflictuel, les militants de Boko Haram se sont livr\u00e9s au braconnage et au commerce ill\u00e9gal d’animaux sauvages, ciblant des esp\u00e8ces vuln\u00e9rables telles que les \u00e9l\u00e9phants, les girafes et les rhinoc\u00e9ros. Le braconnage de ces animaux pour leur ivoire et d’autres parties du corps menace non seulement leur survie, mais perturbe \u00e9galement l’\u00e9quilibre \u00e9cologique de la r\u00e9gion. La perte de la faune peut avoir des cons\u00e9quences profondes sur l’\u00e9cosyst\u00e8me, y compris des perturbations dans les cha\u00eenes alimentaires et la perte d’habitats naturels. Comme la plupart de ses pairs, Armel Mewouth d\u00e9plore le fait que \u201cl\u2019afflux des d\u00e9plac\u00e9s internes et des r\u00e9fugi\u00e9s a entra\u00een\u00e9 une augmentation des coupes abusives des formations ligneuses suite \u00e0 la forte augmentation de la demande.\u201d<\/em> Il indique que pire encore, \u201ccette guerre a \u00e9galement entra\u00een\u00e9 l\u2019arr\u00eat de toutes les activit\u00e9s de reboisement dans la r\u00e9gion. Dans les diff\u00e9rentes aires prot\u00e9g\u00e9es de l\u2019Extr\u00eame-Nord (parc de Waza, parc national de Kalamalou\u00e9, parc national de Mozogo Gokoro et r\u00e9serve de Ma Mbed Mbed), on observe une augmentation du braconnage, de l\u2019exploitation des ressources ligneuses et l\u2019afflux des d\u00e9plac\u00e9s et des r\u00e9fugi\u00e9s non-d\u00e9clar\u00e9s non loin de ces espaces naturels \u201d.<\/em> Une situation qui ne fait pas du bien \u00e0 la faune.<\/p>\n\n\n\n

Les cons\u00e9quences sur le climat<\/strong><\/p>\n\n\n\n

A la lumi\u00e8re de ces constats observ\u00e9s sur le terrain, Armel Mewouth pr\u00e9voyait une baisse de 10 \u00e0 30 jours humides, entre 2018 et 2023. Ce qui selon ses propres conclusions voudrait dire que durant cette p\u00e9riode, les saisons pluvieuses seront encore plus courtes et de faible intensit\u00e9 ou m\u00eame tr\u00e8s orageuses dans certaines localit\u00e9s. Sur les lieux, comme le fait savoir Adamou Yaya, expert socio-environnemental, \u00ab <\/em>avec<\/em> le lit du fleuve \u00bb<\/em> Logone qui \u00ab change constamment \u00bb<\/em> les populations ne savent plus \u00e0 quel saint se vouer. Toujours est-il que, sur la base des donn\u00e9es g\u00e9n\u00e9r\u00e9es par Armel Mewouth, il est possible que les ressources d\u00e9j\u00e0 tr\u00e8s insuffisantes soient tr\u00e8s affect\u00e9es par le changement climatique dans cette r\u00e9gion. \u201cLa temp\u00e9rature moyenne actuelle de la r\u00e9gion qui oscille actuellement autour de 29 \u00b0C restera stable jusqu\u2019en 2025<\/em>\u201d confie le chercheur. Il reste tout de m\u00eame \u201cpossible d\u2019observer une hausse de la temp\u00e9rature avec un pic de plus 1,5 \u00b0C dans les prochaines ann\u00e9es\u201d<\/em> a-t-il ajout\u00e9. Ces conclusions rejoignent les pr\u00e9visions r\u00e9centes du Bulletin N\u00b0<\/em> 158 de l\u2019Observatoire National du Changement Climatique (ONACC) du Cameroun. On peut lire ici qu\u2019au cours de la d\u00e9cade du 11 au 20 juillet 2023, \u201cune attention particuli\u00e8re devra \u00eatre port\u00e9e sur certaines localit\u00e9s, qui pr\u00e9sentent une tr\u00e8s forte probabilit\u00e9 d’enregistrer une augmentation des temp\u00e9ratures maximales par rapport \u00e0 leurs moyennes historiques enregistr\u00e9es \u00e0 la m\u00eame p\u00e9riode de 1979 \u00e0 2018. Il s’agit notamment de : Gamboura, Ka\u00e9l\u00e9, Maroua et Mindif, dans la R\u00e9gion de l’Extr\u00eame-Nord\u201d<\/em>. La synth\u00e8se des pr\u00e9visions pr\u00e9cise que durant cette m\u00eame p\u00e9riode, plusieurs localit\u00e9s de cette r\u00e9gion ont \u00e9t\u00e9 marqu\u00e9es par des situations de canicule, ceci suite \u00e0 l\u2019expression des temp\u00e9ratures maximales comprises entre 32\u00b0C et 38\u00b0C.                                                      <\/p>\n\n\n\n

https:\/\/www.actioncontrelafaim.org\/a-la-une\/le-dereglement-climatique-a-loeuvre\/<\/a> est le lien d\u2019un article publi\u00e9 sur site www.actioncontrelafaim.org de l\u2019organisation Action Contre la Faim. Il y est not\u00e9 que les probl\u00e8mes du climat observ\u00e9s \u00e0 l’Extr\u00eame Nord du Cameroun favorisent une diminution des rendements agricoles d\u00fb \u00e0 la modification du calendrier agricole; favorisant une augmentation de l’ins\u00e9curit\u00e9 alimentaire et une perte de revenus pour les communaut\u00e9s rurales d\u00e9j\u00e0 vuln\u00e9rables; contribue \u00e0 une augmentation des inondations et des \u00e9rosions dans les localit\u00e9s\/communes de la r\u00e9gion. Ces inondations ont des cons\u00e9quences sur le contexte socio-\u00e9conomique des populations victimes. <\/p>\n\n\n\n

William Tadum Tadum<\/em><\/strong><\/p>","protected":false},"excerpt":{"rendered":"

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