Faux, des personnes n’ont pas été ligotées à Douala pour être évangélisées de force

(237 Check) – Un article publié sur le site actu-cameroun.com et partagé sur les réseaux sociaux raconte l’histoire des certaines populations de Douala, qui auraient été ligotées par des chrétiens déterminés à leur prêcher la bonne nouvelle. L’article s’accompagne d’une image sur laquelle on peut effectivement voir deux hommes, étroitement ligotés par des populations visiblement en colère. Après vérification, les photos ont été prises en Afrique du Sud en fin 2015, et l’histoire qui l’accompagne est partiellement fausse.

Une image contenant texte, capture d’écran, personne

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L’article est publié ici.

Faux contexte

En effectuant la recherche inversée de l’image utilisée pour illustrée l’histoire, nous avons retrouvé plusieurs sites web où figurait déjà cette image.

 Au Cameroun, le site 237online.com a partagé la même histoire dans un article publié lui aussi le 14 octobre 2021 et partagé sur sa page Facebook qui a plus de 33.000 fans et sur son compte twitter dont le nombre de followers dépasse les 140.000.

Nos recherches ont montré que la même image avait déjà été utilisée par le passé pour raconter des histoires différentes. Elle est apparue sur plusieurs plateformes (voir ici, ici, ici et ici) indiquant cette fois-ci qu’il s’agissait d’un pasteur qui avait été ligoté par ses fidèles pour avoir « mangé durant le jeûne ». Pour le site AbidjanShow, il s’agit de pasteurs qui ont été pris en flagrant délit au Nigéria alors qu’ils voulaient « sacrifier des enfants pour un rituel. »

Afrique du Sud

En continuant nos recherches, nous avons retrouvé cet article, publié en novembre 2015 sur le site AfrikMag qui situe les faits en Afrique du Sud. Selon l’article, il s’agit d’un pasteur Sud Africain déjà célèbre pour avoir marché sur ses fidèles et pour leur avoir fait avaler des serpents, dont l’église a été réduite en cendre par les fidèles en colère, après l’avoir ligoté avec son assistant. Cette fois-ci l’article présente d’autres images de la scène, sur laquelle on peut voir des chaises renversées, des chapiteaux et des bâches en train d’être vandalisés.

Pour vérifier l’authenticité de l’histoire, nous avons effectué la recherche inversée des autres images de la scène, ce qui nous a permis de retrouver sur différents sites (voir ici, ici, ici et ici) l’histoire similaire à celle racontée par AfrikMag et publiées toutes à la même période, c’est-à-dire en novembre 2015. Certaines ont en plus des photos supplémentaires de la scène.

Une image contenant ciel, terrain, extérieur, personne

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Une image contenant extérieur

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De ces différents articles, il ressort que le pasteur sur l’image s’appelle Penuel Mnguni, de l’église The End Time Disciples Ministries, une église basée au nord de Prétoria en Afrique du Sud. Un article publié sur la BBC indique que le pasteur Penuel Mnguni est l’un des pasteurs controversés qui pullulent en Afrique depuis quelques décennies. Surnommé « Pasteur Serpent », il était devenu célèbre après la publication sur internet de photos de lui en train de mettre un serpent vivant dans la bouche d’un homme, peut-on lire dans un article publié par la BBC.

Une image contenant ciel, extérieur, terrain, plage

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Ce qui s’est passé à Douala

En continuant nos recherches, nous avons retrouvé une version légèrement différente de l’histoire. En effet, les sites doualatoday.com et griote.com ont publié respectivement cet article et celui-ci, qui parlent de la même histoire, avec quelques différences cependant. 

Selon les versions narrées par les deux cyberjournaux, il s’agit d’une vieille dame handicapée qui a été victime des membres d’une famille appartenant à une communauté chrétienne aux pratiques plutôt extrémiste. Le journal Griote raconte que, c’est armés de gourdins et de machettes que ces chrétiens d’un autre genre ont entrepris de chasser le démon du handicap du corps de la dame âgée d’une soixantaine d’années. L’infortunée a finalement été secourue par les éléments de la brigade de Bépanda alertés par des voisins impuissants.

Contacté par nos soins, Mathias Mouende Ngamo du journal Douala Today nous a confirmé les faits, qu’il a appuyés par une courte vidéo du lieu où se sont déroulés des faits. Selon lui, les personnes arrêtées sont toujours en détenues à la brigade de Bépanda, en attente de leur procès.

Par Fotso Fonkam

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