(237 Check) – Alors que les autorités camerounaises justifiaient le huis-clos de ce match par la résurgence du Covid-19, l’instance faîtière du football africain a rétabli une vérité confortée sur le site du match.
« L’état d’avancement dudit stade ne permet pas encore d’assurer comme il se doit le bien-être et la sécurité des supporters en principe attendus pour un tel match». La Confédération africaine de football a été formelle dès le 2 septembre 2021 au sujet du match Cameroun-Malawi qui devait se jouer le 3 septembre au stade d’Olembe.
Accusant le déficit de garanties sécuritaires sur ce terrain qu’il avait validé pour abriter ce match comptant pour les éliminatoires de la Coupe du monde Qatar 2022, mais dont les travaux avaient piétiné et se déroulaient au moment du match. Pour n’accorder que 50 spectateurs à trier sur le volet, pour la tribune Vip, sans que le Cameroun ne l’ait sollicité, comme la Caf l’avait permis. Une faveur que saluait le ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep).
Et pourtant, les autorités camerounaises avaient évoqué uniquement la pandémie du Covid-19 : «En application des protocoles sanitaires anticovid de la Caf et de la Fifa actuellement en vigueur, ces instances faitières ont décidé de faire jouer les rencontres de la première journée des éliminatoires de la Coupe du monde Qatar 2022 à huis clos total», communiquait le ministre Narcisse Mouelle Kombi, la veille du match.
Une autre communication de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) viendra définitivement percer l’abcès. «En application des protocoles Covid-19 pour les matchs de la Caf et de la Fifa, la Caf a décidé de ne pas autoriser la présence des médias pour le match Cameroun-Malawi du 03 septembre. En conséquence, aucun média n’est accrédité pour cette rencontre », assenait l’instance faitière du football camerounais. Aucune des deux instances n’a évoqué la situation du stade en cours de finition mais dont les travaux ont connu de nouveaux arrêts après le passage de l’équipe d’inspection conjointe Caf-Fifa, quelques semaines avant, et qui avait alors donné son accord pour la tenue du match dans ce stade faisant partie d’un complexe sportif en cours de construction à l’entrée nord de Yaoundé.
La pilule aurait été peut-être moins amère si la presse (privée) n’avait pas été embarquée dans le public, et que le site devenait inaccessible, au point que la reconnaissance de l’aire de jeu par les Lions indomptables soit programmée plutôt à stade Ahmadou Ahidjo. Un paradoxe.
Après enquêtes, il s’avère que, « en réalité, les travaux faits même à la hâte la veille de ce match étaient réalisés par une entreprise locale de sous-traitance», trahit une source sûre sur le site du chantier. « Il s’avère que Magil (le constructeur de l’ouvrage, Ndlr) avait déjà arrêté les travaux, faute d’argent, et sachant que la pression du match allait pousser le gouvernement à faire le miracle, ils ont résisté à toutes les pressions, au point même de mettre en congé certains de leurs cadres, puisqu’ils ne servaient plus à rien sur le site, alors qu’ils n’avaient pas encore pris leurs congés annuels», apprend-on. Du coup, face à l’urgence, le maître d’ouvrage a fait recours à un sous-traitant « pour parer au plus pressé», analysent nos sources à Olembe. Il s’agissait entre autres d’aménagements d’une partie des parkings et des accès. Une situation que la presse ne devrait pas découvrir, espérait-on.
Plaidoiries devant la fédération anglaise
En s’accrochant sur le Covid-19 dont une nouvelle vague relançait la guerre dans nombre de pays. La Caf qui s’est refusé à livrer à la vindicte populaire son membre, jusqu’à ce que ses maladresses le trahissent, ne pouvait minimiser l’ampleur de la pandémie auprès de la Fédération anglaise de football devant laquelle elle plaidait la libération des footballeurs africains évoluant en Premier league, et user du prétexte de la même maladie pour fermer aux spectateurs, les portes d’un stade dont elle souhaitait tester la fonctionnalité lors de ce match. Le stade devant abriter dans trois mois la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2021.
Avec sur ce site les matchs de la poule A, mais surtout le match d’ouverture et la finale. « La Caf note que des dérogations similaires ont été accordées par le gouvernement britannique pour permettre la participation de délégations et d’officiels au Championnat d’Europe de l’Uefa qui s’est tenu il y a moins de deux mois. Il est également noté que la situation dans les pays africains figurant sur la liste rouge est, dans de nombreux cas, moins grave que celle d’autres pays qui ne figurent pas actuellement sur cette liste ou pour lesquels des exemptions étaient auparavant prévues », soutenait Patrice Motsepe, président de la Caf. Ajoutant que « les matchs à venir seront livrés selon les protocoles stricts développés par la Fifa et appliqués à travers le monde,…Ces protocoles ont prouvé hors de tout doute qu’ils atténuent les risques encourus ».
La mauvaise passe des autorités camerounaise a failli réussir grâce à un contexte favorable. D’autant plus que quelques jours avant, l’instance faîtière du football africain avertissait les pays engagés dans cette campagne éliminatoire du Mondial 2022, des mesures restrictives prises pour ces premiers matchs de cette phase éliminatoire. Le Caire avait décidé de faire jouer les matchs à huis-clos, au motif de la pandémie du Covid-19 dont une nouvelle vague naissait par endroits dans le monde. Cependant, la Caf avait consenti à accorder quelques spectateurs dans les stades. Une fenêtre ouverte qui devait s’élargir au gré de la requête de l’équipe locale. C’est ainsi que dix mille spectateurs étaient accordés au stade Houphouët-Boigny d’Abidjan lors du match Côte d’ivoire-Cameroun du 06 septembre 2021.
Par Lindovi Ndjio
