Le rôle joué par les réseaux sociaux dans la grève des enseignants au Cameroun

Introduction

              Depuis le début de l’année 2022 au Cameroun, l’éducation est menacée par le mouvement « craie morte » lancé par le collectif des enseignants OTS (On a Trop Souffert). Ce mouvement dénonce la précarité dans laquelle vivent les enseignants du secondaire. Après eux, un autre mouvement dénommé OTA (On a Trop Attendu), entre dans la marche et vient généraliser le mot d’ordre de la grève du niveau primaire au niveau secondaire. Cette situation a pris une expansion considérable grâce aux réseaux sociaux. De nombreuses plateformes ont été créées pour vulgariser leurs actions. À côté d’eux se trouvent aussi les médias classiques qui animent leur page numérique des actualités autour de ce sujet.

I – définition des mots clés

            Sur les  réseaux sociaux, dans la grève des  enseignants, plusieurs mots reviennent. Ils ont été sélectionné et définit :

– OTS : signifie on a trop souffert ou on a trop supporté. C’est le slogan des enseignants grévistes et le collectif des enseignants qui revendique leurs droits. Par définition, OTS est le slogan du mouvement de revendication créé par les enseignants en grève pour exiger l’amélioration de leur condition de travail et le paiement total de leurs différentes indemnités. Sa particularité c’est qu’il a été lancé par les enseignants du secondaire. Beaucoup depuis leur intégration n’ont pas eu la totalité de leur salaire, leur avancement, leur prime ; du moins d’autres ne sont jamais entrés en possession de leur dû. Leur mouvement est dénommé “craie morte”.

– OTA signifie “on a trop attendu”. C’est le slogan du collectif des enseignants du primaire entré aussi dans les revendications. Il apparaît après la réaction du gouvernement suite aux actions du mouvement OTS. Leur mouvement est dénommé “école morte”. Il a pour but de faire pression au gouvernement afin que celui-ci réponde à leurs demandes.

– Grève : cessation groupée et concertée du travail dans le but de faire valoir des revendications.

– Réseaux sociaux ; ensemble des plateformes numériques qui permet aux individus d’être interconnectés sur internet. Ces 10 dernières années au Cameroun, le nombre des personnes qui utilisent les réseaux sociaux ne cesse de grandir. Une information peut toucher des millions de personnes en seulement quelques minutes.

– Plateforme numérique : zone d’échange où les offres et les demandes se rencontrent sous une forme dématérialisée. Ces plateformes sont de plusieurs catégories (professionnel, ludique, didactique…).

– Indignation : sentiments de colère que soulève une action qui heurte la conscience morale, le sentiment de justice. Ce sentiment s’exprime sans trait de violence.

– Médias classiques : l’ensemble des médias qui permettent de rejoindre une forte audience et une large cible. On a par exemple les radios, la télé, la presse …

             À travers la définition de ces mots, on pourrait mieux comprendre le contexte de cette grève des enseignants.

II- Rappel du contexte 

Le sigle OTS fait irruption sur la scène publique camerounaise le 21 Février 2022. OTS signifie On a Trop Supporté ou On a Trop Souffert. C’est un mouvement à l’initiative des enseignants du secondaire mobilisés comme jamais pour exiger l’amélioration de leur condition de vie et de travail. C’est en effet tout un chapelet de revendications adressé au gouvernement et à l’endroit de l’administration camerounaise. Le mouvement OTS/OTA est l’expression du mal être des enseignants vis-à-vis de la façon avec laquelle le gouvernement Camerounais les traite. Plusieurs raisons sont évoquées en fonction des articles traités et en fonction des sources et enseignants rencontrés. Chacun y va de ses multiples problèmes. Toutefois, les responsables du collectif réclament de façon générale des allocations et primes d’environ 181 milliards de francs CFA ainsi que des arriérés de salaires.

Dans un article paru dans « le monde », les enseignants dans leur confidence racontaient des cas de clochardisation de leurs corps de métier. C’est l’une des raisons qui les pousse à vouloir rétablir le respect qu’ils méritent à la hauteur de l’importance de leur métier. La voie légale qu’ils ont choisie étant la grève généralisée de la quasi-totalité du corps enseignant. Les éducateurs déplorent également le processus d’intégration à la fonction publique. Selon eux, il s’agit d’un casse-tête difficile à comprendre. L’intégration du corps enseignant à la fonction publique serait même la parfaite illustration de la lenteur administrative camerounaise. Elle peut traîner et aller jusqu’à plusieurs années de service sans percevoir ne serait-ce que 1 F CFA, ce qui n’est  pas normal. « Une fois diplômé, l’enseignant est affecté à un lycée mais n’est pas payé immédiatement. Puis il perçoit, parfois bien plus tard, deux tiers d’un salaire mensuel, estimé à 130 000 Fcfa jusqu’à son intégration dans la fonction publique. Cependant, le processus d’intégration peut s’éterniser jusqu’à la retraite ou la mort de ce dernier, expliquait un enseignant dans une interview accordée au journal « le monde ». Aussi, une fois intégré dans la fonction publique, l’Etat doit verser à chaque enseignant un « rappel » des impayés. En effet, non seulement le processus est assez long, lent et fastidieux, mais tout un business s’est créé autour de cela. « Il faut souvent donner un pot de vin, évalué à jusqu’à 30% du montant du rappel » confie un éducateur au journal « le monde » publié le 16 mars 2022. Cela fait que l’enseignant, après des années d’attente, au moment de toucher un peu d’argent, est contraint de le partager avec des personnes qui sont payées par l’Etat pour traiter les dossiers des fonctionnaires. Ce qui est également révoltant selon eux.

Bien que regroupés autour des syndicats et autres associations, les enseignants ont décidé de façon plus expressive d’exprimer leur  ras-le-bol et de réclamer leur dû suite à toutes les injustices commises à leur encontre. Débuté par un simple appel à la grève sur les réseaux sociaux intitulé « craie morte », le mouvement, de fil en aiguille perdure. La recette de ce succès tient à peu de choses : une communication tous azimuts notamment sur les réseaux sociaux avec la mise en évidence de cas flagrants d’injustice par certains enseignants. Cette façon de faire a permis aux enseignants de toucher une vaste cible parmi lesquels  enseignants ou non. C’est grâce aux réseaux sociaux que les enseignants des villages et zones enclavées ont pu se rallier à la cause de leurs collègues, souffrant tous des mêmes maux. 

III- IDENTIFICATION DES PLATEFORMES ET ACTIONS SUR LES RÉSEAUX SOCIAUX

Comme la plupart des actions et des mouvements qui ont besoin d’une mobilisation générale et du témoignage de l’opinion publique, les mouvements OTS et OTA se sont servis des réseaux sociaux pour avoir une audience grande et spontanée.

A- Identification des plateformes OTS et OTA

a- Groupes Facebook

Les mouvements OTS et OTA en prenant l’option de publier leurs revendications et actions sur les réseaux sociaux, se sont appuyés sur des groupes et pages existant déjà. En effet, cela aurait été fastidieux de créer de nouveaux groupes et de nouvelles pages OTS et OTA et d’y inviter le maximum d’internautes. Il faut dire que la stratégie des meneurs de ces mouvements était une action rapide et efficace, ils ne s’étaient pas préparés à un mouvement qui s’enlise. C’est ainsi que des groupes Facebook dédiés à l’activité des enseignants à l’instar du groupe privé des enseignants du Cameroun qui compte 58344 membres a été fortement mis à contribution.

b- Groupes WhatsApp

Des groupes WhatsApp essentiellement dédiés aux revendications du groupe OTS et OTA sont nés un peu plus tard dans la lutte, quand les leaders ont compris que la situation s’enlise, que le gouvernement ne prendrait pas toutes leurs revendications pour argent comptant. Ces groupes WhatsApp contrairement aux groupes Facebook avaient pour but de rassembler le noyau dur du mouvement, ceux des enseignants parmi les plus déterminés à faire connaître leur désaccord face à la situation qu’ils vivent et qui veulent que les principaux points compris dans les revendications trouvent une issue favorable. A ce jour, selon des informations recueillies, les mouvements OTS et OTA comptent pas moins de 75 groupes WhatsApp sur l’ensemble du territoire national.

B- Actions sur les réseaux sociaux

Selon la stratégie éclair mise en place par les leaders du mouvement OTS, les réseaux sociaux tenaient une place importante pour rallier l’opinion publique aux messages de revendications portés par les enseignants. Pour ces leaders le témoignage de l’opinion publique pouvait servir de piston pour faire bouger les lignes dans le gouvernement qui en 2017 lors de la grève des enseignants la plus récente avaient fait des promesses jusqu’ici jamais tenues.

a- Début de la grève

Au début du mouvement OTS, dans les groupes Facebook dédiés aux activités et aux discussions des enseignants, les leaders du mouvement ont clairement publié leurs revendications afin qu’elles soient toutes connues de l’opinion publique. Une stratégie qui a connu un succès immédiat car le mouvement a tout de suite gagné la bataille de l’opinion et ce d’autant plus que dans les médias classiques, ceux dédiés à L’expression gouvernementale à savoir Cameroon tribune et la CRTV, ont complètement ignoré l’existence de ce mouvement, une attitude qui leur a été reproché par les internautes. Mais l’audience dans les groupes Facebook dédiés aux activités des enseignants, si elle n’était pas confidentielle, restait tout de même restreinte. Le second souffle donné à ce mouvement sur Facebook est venu des stars. Dès le 23 février, sur sa page Facebook officielle, la chanteuse Kareyce Fotso publiait ce message : « Les enseignants ouvrent les portes du savoir qui affranchit nos esprits. Ils ne peuvent pas nous donner une telle liberté et nous enfermons  la leur dans la précarité ». 2 jours plus tard, le 25 février, réagissant à la tentative d’enrôlement des motos taximen par les autorités administratives de la Région du Littoral, elle écrivait encore ceci : « Moto taximen je vous regarde je ris seulement. Donc vous dites que vos vies dosent  tellement sur la moto qu’il ne faut même pas que les enseignants viennent vous déranger dans votre eldorado hein. Il pleut sur tous les toits ». Le 08 mars 2022 à l’occasion de la célébration de la journée internationale des droits des femmes, illustré avec une photo montrant des enseignantes dans l’exercice de leur métier, Kareyce Fotso publiait ce texte : « Je dédie cette journée de revendication des droits de la femme à toutes les femmes enseignantes. Elles sont à la genèse de nos premières lettres. Elles donnent à nos petites mains les forces pour faire danser les mots. Elles à qui nous confient nos parents. Elles sont à la fois mères pour essuyer nos larmes, nous rassurer face à nos inquiétudes, nos pipi et nos popo, elles nettoient, parfois elles nous lavent, nous bercent. Et pourtant elles sont parties de chez elles sans prendre le petit déjeuner. Sans savoir ce que leurs enfants mangeront. Traumatisées par les aérés de loyers. Dépassées par la maladie d’un enfant. Elles sont enseignantes. Mais nous  leurs avons enseigné. Que tenir la craie c’est perdre ses droits, c’est perdre sa dignité. Elles ne peuvent  plus supporter le poids de la craie trop lourd à porter. Ce bout de matière qui a développé tant de matières grises Président, ministre, Députés, Artistes, Sportifs, ingénieurs, Docteur, les architecte, commerçant, voleurs, etc. Elles sont les racines des arbres que nous sommes aujourd’hui. Elles sont la mère de nos carrières, Est-ce cela le sort réservé à une mère ? » Une publication qui a mobilisé 2632 mentions j’aime, 294 commentaires et 175 partages

A côté d’elle, d’autres artistes tels que Mani Bella, Stanley Enow et bien d’autres, ont aussi publié des messages de soutien aux enseignants et à leurs revendications, contribuant ainsi à rendre définitivement populaire, le mouvement OTS.

Le 23 février 2022, Mani Bella sur sa page Facebook publiait : « Nelson Mandela disait ceci :

« L’éducation est l’arme la plus puissante pour changer ce monde ». Et moi je dis : les enseignants sont comme des bergers qui dirigent nos enfants vers la connaissance et vers la possibilité d’un avenir meilleur et confortable. Alors chers tous, nous devons avoir du respect pour eux et nous devons permettre à ces valeureuses personnes de vivre dignement afin de mieux transmettre leurs connaissances à nos enfants. Respectez les enseignants…Rendez-leur leurs dignités svp! Nos enfants doivent aller à l’école. Merci. #manibella #manimoney ».

Publication qui a mobilisé 5737 mentions j’aime, 741 commentaires et 216 partagés

Le 25 février 2022, sur sa page officielle, Stanley Enow a publié ceci : « La musique m’a éloigné de la craie. Le rêve de mon père a toujours été de faire de moi un enseignant…».

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C’est avec cette phrase laconique en commentaire d’une vidéo postée sur son mur que l’humoriste Moustik le karimastik s’est quant à lui exprimé sur la grève des enseignants : « …les eternels  #En_saignant ces #enseignants ».

Une publication qui a mobilisé 2443 mentions j’aime, 196 commentaires, 247 partages et 4493 vues.

Des hommes et femmes politiques à l’instar de Nourane Foster, Serge Espoir Matomba, Cabral Libih et Maurice Kamto pour ne citer que ceux-là, ont aussi sur leurs pages officielles apporté leur soutien aux enseignants, contribuant à rendre populaire les mouvements des enseignants.

b- Le cas Hamidou : la goutte d’eau qui a débordée le vase

C’est en début février que le monde à travers une publication sur Facebook découvre Hamidou. Enseignant de sport depuis 10 ans au lycée de Béka dans la Région du Nord Cameroun, il n’a jamais reçu de salaire de l’État du Cameroun. Cette publication relance le mouvement OTS. La publication du cas Hamidou va pousser le gouvernement à réagir et à mettre à jour en quelques temps, le dossier d’intégration de l’infortuné. Au-delà de cette action, la révélation du cas Hamidou sur les réseaux sociaux a permis de révéler d’autres cas similaires et même pire, augmentant considérablement le capital sympathie du mouvement OTS auprès du public camerounais et bien au-delà.

Mimi Mefo Info Français

Malheureusement, le monde apprendra le 08 mars 2022 que Hamidou est finalement décédé de suites de maladie au Nigeria voisin. Comme on pouvait s’y attendre, cette annonce a entraîné un véritable raz-de-marée d’indignation.

c- Les vagues d’indignation

La journée du 8 mars 2022 restera à coup sûr marquée d’une pierre blanche pour le mouvement OTS sur les réseaux sociaux. La rumeur de la mort de Hamidou au Nigeria qui avait couru dès le matin est très rapidement devenue une information virale sur les réseaux sociaux. Anonymes et personnalités publiques sur les réseaux sociaux se sont emparés de l’information en faisant part de leur indignation.

Très tôt dans la journée du 8 mars à ce sujet, l’activiste Boris Bertolt publiait 2 posts dont voici le contenu du premier :

« L’ENSEIGNANT HAMIDOU DÉCÉDÉ APRÈS 10 ANS SANS SALAIRE. A Gauche: 10 ans avant quand il entre dans la profession. A droite : 10 ans quelques jours avant sa mort après 10 ans sa salaire ».

Le lendemain 9 mars 2022, la chanteuse Kareyce Fotso publiera ceci sur son mur Facebook :

« HAMIDOU, SES SOUFFRANCES ONT ÉTÉ ABRÉGÉES, L’EUTHANASIE D’UN AUTRE GENRE après 10 ans de souffrance… ».

Une publication qui mobilisera 2952 mentions j’aime, 459 commentaires et 123 partagés 

Si les réseaux sociaux ont été d’un grand apport dans la popularisation du mouvement OTS, leur implication n’a pas toujours fourni des résultats positifs. La publication du genre de mort de Hamidou, genre de mort signé par le directeur de l’hôpital de Beka alors que Hamidou était mort au Nigeria, bloqué jusqu’à date, l’évolution de la procédure devant permettre à sa veuve de toucher son salaire.

C- Télégramme

Une application de messagerie créée en 2013, impose sa notoriété en 2016, lors de l’attentat perpétré contre la presse française “Charly Hebdo.  Au regard de l’actualité tenant en haleine le monde éducatif du Cameroun, le mouvement “on a trop supporté (OTS) ou on a trop attendu (OTA), grouillant, insistant, tant sur les réseaux sociaux qu’en présentiel, cette masse de grévistes constitué essentiellement des enseignants des lycées et collèges, décident de faire face au gouvernement à cause de leurs revendications sur l’amélioration des conditions de vie de ce corps qui selon eux, est resté longtemps clochardisé au vue d’un constat fait par ces derniers.

«Argent en poche, craie en main», promettent les grévistes sur des affichettes dans les lycées ou sur les réseaux sociaux. «Le mot d’ordre est respecté dans l’ensemble, même si ce n’est pas à 100%», assure à l’AFP Hubert Lipem II, un responsable d’OTS.

Présent sur toutes les plateformes digitales, le mouvement “on a trop supporté”(OTS) s’est aussi intéressé à l’application la mieux destinée aux échanges discrets. Leur arrivé sur ce dernier (télégramme) remonte depuis le début du mois de mars 2022. Un forum constitué de 25.675 membres avec 20.000 interactions par jour en moyenne. 

Ces grévistes réclament d’énormes arriérés de salaires, primes et allocations qui selon eux, montent à 181milliards de francs CFA, soit près de 276 millions d’euros. Frustrés et incompris, ces grévistes se retournent parfois contre leurs collègues qui refusent de s’aligner, en les taxant de traitres. 

Au sein de ce forum, rien que les sujets qui concernent le mouvement “on a trop supporté (ots), en appui à l’ascension de ce groupal  d’enseignants dont le cheval de bataille se base uniquement à tirer sur le gouvernement, qui pour ceux-là, ne fait rien depuis le début de la pétition amorcé en février dernier. Du constat aux faits, il est finalement à conclure que ce groupe malgré les avertissements émis par le Ministre de l’administration territoriale (Paul ATANGANJIE), avertissements portant démantèlement des soient disant grévistes au nom du mouvement «on a trop supporté “(ots) ou “on a trop attendu”(ôta).Une vague d’arrestations qui seraient à même de mettre mains(arrêter) sur ces pseudos-enseignants ou grévistes , ceci dû à un constat récent ,  fait par le minat , ayant vu un groupe d’enseignants échangeant avec une ONG et d’autres organisations politiques , sans faire mention d’un quelconque lien avec la pétition actuelle, c’est-à-dire, se plaindre de leurs droits, lit-on dans la correspondance ci-dessous .

Le défilé du 1 er mai 2022 s’est vu annulé par l’Etat du Cameroun, suite à la propagation vertigineuse du covid-19 (pandémie). Cela a amplifié les sauts d’humeurs de ce mouvement qui promet maintenir la grève. Voir plus loin, dans le forum télégramme de ces enseignants, on lit une pléthore de prétentions, visant à boycotter les examens officiels, des termes rebelles se penchant vers une incitation à plus de solidarité dans les rangs des révoltés. 

En principe, il existe d’innombrables forums sur télégramme menant des activités pour le compte de l’OTS. Malheureusement ils sont contrôlés par les professeurs d’informatique qui mettent en exergue leur domaine de compétence en écartant ceux qui veulent entrer pour des fins d’enquêtes ou autres missions ayant trait à la suppression de leur mouvement.

IV- L’entrée des médias classiques à travers leurs plateformes numériques

Dans les débuts de la grève des enseignants, les médias classiques, notamment la radio, la télévision et la presse écrite, ont exposé une réticence quant au traitement des informations ayant trait aux revendications. Cette réticence s’est manifestée par la quasi absence ou l’absence des sujets de la grève dans les publications et les parutions. 

Les acteurs ne cessaient de le relever avec insistance sur le silence de ces médias qu’ils qualifient de complice avec le gouvernement. La grève a poursuivi son petit bonhomme de chemin. Le gouvernement est entré en jeux. Une réunion est convoquée au premier ministère par le secrétaire général des services du Premier ministre.

  1. Le cas de la CRTV et de Cameroon tribune

Ces deux médias à capitaux public sont entrés en jeux lorsque le gouvernement a régi. Le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative, Joseph Le, a engagé plusieurs démarches de négociation avec les représentants des enseignants. A chaque rencontre, les deux médias de l’Etat rendaient compte de toutes les actions entreprises allant dans le sens de la recherche des solutions à la grève des enseignants.

  1. Cameroon tribune

A travers sa plateforme numérique, Cameroon tribune s’est déployé dans le but de rendre compte des actions du gouvernement. Une démarche fidèle à la ligne éditoriale de l’organe de presse. Ainsi, le journal à capitaux publics relaie les démarches du gouvernement dans la poursuite des recherches de solutions aux revendications des enseignants.

Les plateformes numériques de Cameroon tribune sont : CT-online (cameroon-tribune.com) et la page Facebook Cameroon tribune. Par ce dernier canal, les internautes ont commenté chaque publication. Certaines réactions rappelaient à l’organe de presse que l’absence dès le départ du mouvement #OTS a un impact sur le niveau d’avancement de la situation.

  1. La CRTV

La Cameroon radio television a subi le même sort, mais avec une valeur ajoutée. A travers la CRTV Web, qui a une audience très élevée, les acteurs de la grève n’ont cessé de prendre la chaîne en otage avec des commentaires répressifs. « Payez nos enseignants », c’est la phrase générique qui revenait à chaque publication sur la page de CRTV Web et de Cameroun tribune sur Facebook.

Les réseaux sociaux ont contribué à exposer le ras-le-bol des enseignants grévistes. Il faut dire que les acteurs se cachaient derrière des faux profils pour tirer à boulet rouge sur le gouvernement. Les ministres de la Fonction publique Joseph Le et celui de l’Education de Base, Laurent Serge Etoundi Ngoa, ont été les principales cibles. Curieusement, les messages des grévistes touchaient réellement la cible.

  1. Le cas d’équinoxe

Le groupe Equinoxe a pris le traitement des sujets relatifs à la grève au sérieux dès le départ. A titre informatif, à travers les débats et les plateformes numériques de la télévision équinoxe, la discussion autour de la grève a donné une allure peut appréciée par l’Etat. L’information traitée exposant que les cours sont vides et que les élèves avaient déserté les écoles était publié à travers des reportages ou des interviews. Les photos capturées sur Facebook illustrent mieux les différentes répressions qu’a subi la télévision équinoxe ainsi que ses responsables.

  1. Les autres médias

En ligne, plusieurs médias sociaux se sont démarqués dans le traitement de la grève des enseignants. Les blogs personnels tout comme les comptes Facebook étaient devenu d’une part des médias réputés et d’autres parts des tribunes de jugement et de procès de l’Etat.

Les générateurs de contenus sont peu nombreux, mais les relais ont contribué à animer la toile. En ce qui concerne les autres médias comme Canal2, STV, DBS, infotv,  à Garoua avec l’entrée de la chaîne web Nord actu et galaxie télévision, les populations étaient informées en temps réel via les plateformes sociales. Le cas de Nord actu qui diffuse exclusivement sur Facebook est palpable.

Conclusion

En tout état de cause, nous pouvons en somme affirmer que les médias ont contribué à la vulgarisation des mesures gouvernementales. De même, ils ont œuvré, à travers leurs plateformes numériques, à rendre compte du niveau d’avancement du mouvement. A la question “où en est-on avec la grève des enseignants ? L’on répondrait en cliquant simplement sur Facebook. Le mouvement OTS a entraîné la naissance de celui des OTA (On n’a trop attendu) répondant ainsi aux résolutions du gouvernant qui demande aux enseignants d’attendre le mois suivant pour les réalités des mesures prises. Avec les réseaux, les enseignants sont restés soudés. Tout est partie par la publication de l’enseignant Hamidou à côté de la plaque du lycée de Béka. Cette publication a été fortement relayée sur Facebook par Guibai Gatama, Haman Cameroun Officiel et bien d’autres plateformes.

La particularité de cette grève réside dans le rôle joué par les réseaux sociaux dans son dénouement. Les enseignants écrivent l’objectif de la grève au tableau, font des photos en groupe et balancent sur les réseaux sociaux. Les faux profils se sont multipliés. Personne ne voulait s’identifier, du moins la majorité n’a pas daigné se confier à des médias malgré les sollicitudes. Sauf que ces derniers ne boudent pas le plaisir à paraître dans les photos des mouvements OTS. Les réseaux sociaux ont servi de canal de compte rendu entre les revendicateurs qui prennent acte de l’ampleur que prennent leurs actions à travers le pays. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, les publications fusent de partout. Malgré la réticence des médias classiques, le gouvernement a pris des mesures palliatives même si elles sont jugées par la suite insuffisantes par les revendicateurs. Témoins oculaires de la revendications des enseignants OTS et OTA, nous avons envie de se poser la question de savoir : si les réseaux sociaux n’existaient, comment les enseignants allaient procéder pour toucher leur cible qui est le gouvernement ? Cette question se base sur le fait que le monde numérique n’épargne plus personne. Sans les médias mais avec les réseaux sociaux, les enseignants ont réussi à susciter les réactions du gouvernement sur leurs revendications. Plusieurs enseignants ont eu gain de cause sans descendre dans la rue. La technologie limite-t-elle la violence policière lors des pieds de grue des grévistes devant les institutions républicaines ?

Bibliographie

  • Journal Le Monde du 16 mars 2022
  • Fora Facebook
  • Fora Telegram
  • Fora WhatsApp
  • CRTV
  • CRTV web
  • Cameroon tribune
  • Nord Actu TV

ANNEXE

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