PARTIELLEMENT FAUX : 52 élèves du village Esu n’ont pas été attaqués lors des examens officiels du GCE.

Ndoh Martin, directeur de la “Government High School Esu” où s’est déroulé l’examen a clarifié que l’attaque a concerné sept (7) élèves, mais qui ont d’ailleurs composé comme tous les autres candidats. Cette allégation publiée sur un site Internet est donc PARTIELLEMENT FAUX. 

237check.org a vérifié cette information et a constaté que ce chiffre était exagéré. L’allégation amplifie une alerte sécuritaire circonscrite, en la transformant en un récit d’attaque de masse

Le contexte 

Depuis 2016, les régions anglophones (régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest) du Cameroun connaissent un conflit armé dont l’éducation est l’une des principales cibles. Les régions ont toujours été le théâtre d’attaques contre les écoles, notamment les appels répétés au boycott des cours, l’incendie d’écoles, l’enlèvement d’enseignants, la mutilation d’étudiants et d’enseignants, la fermeture des écoles et le déplacement forcé d’élèves conduisant au regroupement de centres d’examen dans des centres d’hébergement plus grands. En début du mois de Juin, plusieurs médias du Nord Ouest ont relaté l’information selon laquelle il y a eu une attaque d’élèves en chemin pour leur centre d’examen, orchestrée par des présumés séparatistes ambazoniens dans cette partie de la région. Si ces médias s’accordent sur l’effectivité d’une attaque, ils ne s’accordent cependant pas sur le nombre d’élèves concernés. 

Dans un contexte local fortement marqué par la psychose et l’inquiétude permanente de la population, ce type d’information ne peut être pris à la légère, compte tenu de son impact sur la capacité à dissuader les parents d’envoyer leurs enfants passer leurs examens, étape importante pour assurer l’avenir des jeunes. En outre, ce récit exagéré est dangereux, en particulier dans ces régions où la désinformation peut rapidement faire monter les tensions et les tentatives de ripostes des populations. 

Face à ces enjeux, nous avons décidé de vérifier les chiffres présentés par le web journal «The Rural Post» dans son article

Processus de vérification

Pour vérifier cette affirmation, 237check.org a contacté l’auteur de cet article en ligne, Neba Jérôme, qui a déclaré que son rapport était basé sur une alerte sur Facebook, qui indiquait que “52 étudiants ont été attaqués et renvoyés chez eux“. Pour s’assurer de l’exactitude du chiffre, nous sommes entrés en contact avec le délégué divisionnaire de l’enseignement secondaire pour la division de Menchum, Mendi Walters Dung, l’autorité administrative qui supervise l’organisation des examens dans la région. Il a confirmé durant un appel téléphonique enregistré qu’il y a eu effectivement un incident impliquant des lycéens et des hommes armés le 1er juin 2025, mais il réfute catégoriquement l’implication de 52 élèves durant l’attaque. Il affirme que “Certains élèves ont été perturbés, mais pas 52. Ils étaient neuf et passent tous leurs examens à Wum“, a déclaré le délégué à l’équipe de 237 Check.

Nous avons également contacté Stephen Ojang, un journaliste de la localité de Wum qui s’est rendu au centre d’hébergement du “Presbyterian High School“, qui a accueilli les élèves concernés. Il corrobore les propos du délégué en ces termes : “J’ai vu les neuf étudiants attaqués passer l’examen au centre d’hébergement du lycée presbytérien de Wum. Je n’ai pas filmé ni pris de photo [pour faire son reportage de la situation ] car dès qu’ils ont vu un journaliste, ils ont paniqué“.

Par ailleurs, 237 Check a contacté par téléphone Ndoh Martin, le directeur de la “Government High School Esu” où s’est déroulé l’examen. Il déclare  : “Notre école a inscrit 72 candidats, mais tous n’ont pas quitté l’école en même temps. Je n’étais pas là quand cela [l’attaque] s’est produit, mais 7 élèves ont été renvoyés [chez eux], mais sont revenus pour passer l’examen“. En outre, jusqu’à date, aucun rapport officiel du GCE Board, du Ministère de l’Enseignement Secondaire du Cameroun ou des agences de surveillance humanitaire crédibles n’ont pas confirmé la survenue d’une telle attaque affectant 52 étudiants.

Conclusion

L’affirmation selon laquelle 52 étudiants du village d’Esu ont été attaqués alors qu’ils se rendaient aux examens du GCE à Wum le 1er juin 2025 est exagérée. Selon des sources concordantes dignes de foi, bien qu’un incident de sécurité se soit produit dans la région, neuf collégiens et non cinquante-deux ont été victime d’une tentative d’attaque. Malgré cela, les élèves ont tout de même commencé les examens avec tous les autres.

Ce fact-check a été produit par 237 Check dans le cadre du programme d’incubation de l’Alliance africaine de vérification des faits (AFCA). Il a été réalisé sous le parrainage de PesaCheck, l’initiative de vérification des faits de Code for Africa, avec le soutien technique de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH, financée par le Bundesministerium für wirtschaftliche Zusammenarbeit und Entwicklung (BMZ) et l’Union européenne (UE). Le mentorat de l’AFCA respecte l’indépendance journalistique des chercheurs, en leur offrant l’accès à des techniques et des outils avancés. La prise de décision éditoriale reste du ressort de 237 Check. Vous souhaitez en savoir plus ? Visitez https://factcheck.africa/

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Cet article de factchecking est de Pesa Check et partagée sur 237 Check dans le cadre programme de bourse AFCA, soutenu par le Partenariat Européen pour la Démocratie

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