Le secteur du bâtiment (BPT) à l’épreuve du changement climatique au Cameroun

Le 25 juillet 2023, un tragique incident a eu lieu à Ngaoundéré, où une femme et trois enfants ont perdu la vie à la suite de l’effondrement d’un immeuble en construction de quatre étages dans le quartier Baladji 1. Deux jours auparavant, le 23 juillet, un autre effondrement d’un immeuble s’était produit dans le quartier “Mobil Guinness”  (Douala), entraînant des pertes en vies humaines et des blessés. Cette série d’effondrements de bâtiments révèle la vulnérabilité du secteur de la construction et du bâtiment au Cameroun, exacerbée par les changements climatiques. 

Prise en compte de l’information climatique dans les projets de construction des bâtiments 

Le secteur de la construction et du bâtiment joue un rôle crucial dans la réalisation de l’Accord de Paris et de l’Agenda 2030 pour le développement durable à l’échelle mondiale. Les préoccupations environnementales s’ajoutent à la responsabilité sociale et à la nécessité de créer des infrastructures favorisant une vie digne. Parmi ces préoccupations environnementales, on trouve la protection du climat et de l’environnement, ainsi que l’adaptation des projets de construction aux changements climatiques. Cela concerne à la fois la production et l’utilisation de matériaux de construction, ainsi que la performance énergétique des bâtiments comme l’ont souligné des spécialistes en bâtiment. « Le secteur de la construction et du bâtiment est déterminant pour la mise en œuvre de l’Accord de Paris et l’atteinte des objectifs mondiaux de développement durable (Agenda 2030). Les aspects écologiques jouent un rôle tout aussi important que la responsabilité sociale et la création d’infrastructures permettant de vivre dignement. Parmi les enjeux écologiques figurent la protection du climat et de l’environnement, mais aussi la nécessité d’adapter les projets de construction aux changements climatiques. Ceci vaut autant pour la production et l’utilisation de matériaux de construction que pour le bilan énergétique des bâtiments », indiquent Kathrin Schroeder, Klaus Teschner, Marcelo Waschl, Adelheid Wehmöller et Clara-Luisa Weichelt [1] dans leur synthèse sur les méthodes de construction répondant aux défis climatiques. Le secteur de la construction et du bâtiment représente 39 % des émissions mondiales de CO2 dues à l’énergie : soit 11% Secteur de la construction, 11% Bâtiments (publics, à usage non résidentiel) et 17% Bâtiments d‘habitation.

La prise en compte de l’information climatique est essentielle dans la conception des projets de construction de bâtiments. Des facteurs tels que la ventilation, l’exposition au soleil pour prévenir l’humidité, la direction du vent, les risques d’inondation, les températures et les précipitations doivent être soigneusement pris en considération. De plus, le choix des matériaux de construction doit respecter les exigences climatiques. Il est de plus en plus recommandé en Afrique d’utiliser des matériaux locaux tels que la terre, le bois, le bambou et la pierre, qui offrent des solutions adaptées, économiques, économes en énergie et respectueuses du climat. Le Cameroun, dans sa quête vers l’émergence, doit intégrer la dimension climatique dans la construction de ses bâtiments. 

Lors de la conception d’un projet de construction, il est crucial de tenir compte de la protection du climat, de la préservation des ressources et de l’efficacité énergétique, de la production des matériaux jusqu’à la démolition du bâtiment. Il peut être envisagé d’introduire un certificat de conformité climatique pour les constructions et les rénovations au Cameroun. La prise en compte des aléas climatiques est un défi majeur dans le domaine de la construction et de la rénovation, et elle doit être intégrée aux politiques de développement des infrastructures de bâtiment dans le contexte de la décentralisation en cours.

Envisager une éducation à l’information climatique 

En outre, une éducation à l’information climatique doit être promue. Chaque citoyen doit être conscient des enjeux liés au changement climatique, mais il est également essentiel que l’information sur le changement climatique parvienne à chaque citoyen. Cette approche, que nous avons précédemment qualifiée de “rapprocher l’information climatique vers le citoyen”, est cruciale. Nous saluons le rôle de l’Observatoire national sur les changements climatiques (ONACC) qui joue un rôle vital en diffusant régulièrement des travaux de recherche sur les changements climatiques, ainsi que des bulletins décadaires sur les prévisions et les alertes climatiques, accompagnés d’informations pertinentes. Au-delà de la diffusion d’informations, il est nécessaire d’envisager une éducation citoyenne à l’information climatique (ECIC) afin de minimiser les impacts des changements climatiques sur tous les secteurs de développement au Cameroun. Cette éducation est d’autant plus importante dans la mesure où le citoyen peut bien avoir l’information climatique, mais rencontrer des difficultés dans son appropriation. Il est donc nécessaire de montrer de façon concrète à l’utilisateur comment adapter l’information climatique aux réalités de la vie quotidienne. Les spécialistes de changements climatiques doivent concevoir des programmes en fonction des secteurs de la vie socio-économique pour montrer à la population comment mettre à profit l’information climatique. Pour le cas du bâtiment par exemple, l’on peut montrer au citoyen comment construire en fonction des zones climatiques, ainsi que les endroits appropriés et les exigences qui vont avec. Ce travail d’éducation a pour but à terme de faire comprendre aux populations que les travaux de construction doivent satisfaire à divers critères de qualité : outre le respect de la législation en vigueur en matière de construction et de prévention des incendies, il faut tenir compte, lors de la conception et de la construction des bâtiments, des conditions climatiques, des spécificités liées au contexte des exigences en matière de protection climatique et environnementale, de la compatibilité socio-économique ainsi que d’aspects culturels. Au regard de l’actualité ambiante autour des effondrements des maisons, des éboulements de terrain, etc, l’ECIC s’impose comme nécessité. 

[1]: Kathrin Schroeder, Klaus Teschner, Marcelo Waschl, Adelheid Wehmöller et Clara-Luisa Weichelt. (2019). Modes de construction répondant aux défis climatiques (Document de synthèse). Édité par Bischöfliches Hilfswerk MISEREOR e.V.

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