Vrai, les fonctionnaires camerounais ne sont pas renvoyés pour défaut de vaccin anti-Covid-19, malgré les communiqués rendant obligatoire ce vaccin

(237 Check) – L’obligation vaccinale contre la Covid-19 n’a jamais été officiellement décrétée au Cameroun. Pourtant, des tentatives d’imposer le vaccin existent à la Présidence de la République, à la Société de presse et d’éditions du Cameroun (Sopecam) et dans plusieurs services publics et parapublics régionaux. Le gouvernement brandit l’obligation vaccinale pour « persuader » les agents de l’Etat.

Depuis la fin du mois de septembre 2021, des responsables d’administrations publiques, d’entreprises publiques et des autorités administratives ont posé des actes interprétés au sein de l’opinion publique comme une volonté d’imposer le vaccin anti-Covid-19 aux fonctionnaires et à l’ensemble des agents publics. « Ce n’est pas vrai ! Nous tenons à préciser qu’il n’a jamais été question d’obliger les personnels de l’Etat à se faire vacciner. PERSUADER, OUI !!! OBLIGER, NON (PAS ENCORE)!!! », a déclaré le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative (Minfopra), Joseph Le, au cours du point de presse spécialement organisé le 20 octobre 2021 pour répondre à la polémique.

Dans une note de service signée le 29 septembre, la directrice générale de la Société de presse et d’éditions du Cameroun (Sopecam), Marie-Claire Nnana, « porte à la connaissance à l’ensemble du personnel qu’à partir du lundi 4 octobre 2012, l’accès à l’entreprise sera subordonné à la présentation d’un test Covid-19 de moins de 5 jours ou d’un carnet de vaccination contre le Covid-19. » 

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La décision de la Dg de cette entreprise publique était encore en débat dans les milieux de la presse que le gouverneur de la région de l’Est, Grégoire Mvongo, signait un communiqué radio informant les agents publics qu’à compter du lundi 11 octobre 2021, l’accès aux locaux abritant les services publics et parapublics régionaux sera conditionné par la présentation d’une preuve du vaccin ou du dépistage datant de moins de 72 heures.

Le gouverneur a joint la parole à l’acte. Le 11 octobre, il était le terrain dans la ville de Bertoua, accompagné par une équipé de vaccination du ministère de la Santé publique. L’autorité administrative a alors déclaré : « j’ai visité un certain nombre de services. Dans l’ensemble, beaucoup de personnes sont vaccinées. Mais, le taux reste faible. Nous nous sommes déplacés avec une équipe du ministère de la Santé publique ; et cette équipe, là où c’était nécessaire, procédait à la vaccination. C’est le lancement d’une opération qui va durer un certain temps sur l’ensemble de la région. Nous espérons qu’au bout de cette opération, nous allons améliorer le taux de protection des populations dans la région de l’Est. »

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Le gouverneur de l’Est parlait d’opération de vaccination au moment où, à Yaoundé, plusieurs ministres annonçaient des campagnes de vaccination gratuite pour les personnels encore en activité et ceux partis à la retraite. Il s’agit notamment du patron de la Santé publique, Manaouda Malachie, de son collègue Joseph Le du Minfopra et celui de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji. 

Une autre campagne était aussi annoncée à la Présidence de la République à partir du 11 octobre. Ici, le secrétaire général, Ferdinand Ngoh Ngoh, a prévenu dans un communiqué qu’au terme de la campagne, seules les « personnes vaccinées » auront accès au Palais de l’Unité.

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La polémique s’est enlisée à la suite de ces initiatives. En effet, le Collectif des syndicats des enseignants du Cameroun, regroupant une vingtaine d’organisations, a saisi le président de la République, Paul Biya, pour lui signifier que la vaccination obligatoire est une « atteinte aux droits et libertés collectifs et individuels des citoyens camerounais ». Les syndicats ont même brandi la menace de grève pour dénoncer l’obligation vaccinale en cours d’instauration au Cameroun selon eux. Le Barreau du Cameroun a lui aussi réagi à travers sa Commission des droits de l’Homme et des libertés qui a mis l’accent sur le libre consentement au vaccin anti-covid-19.

Alors que le débat faisait rage sur les réseaux sociaux, les médias se sont emparé du sujet. Une recherche sur Facefook affiche des résultats édifiants. Les 20 et 21 octobre, le sujet est sur la page ABK Radio Officiel qui compte 4 900 abonnés et est aimée par plus de 40 000 personnes. La sortie des syndicats des enseignants a été traitée sur les antennes de cette radio émettant depuis Douala. La page ABK Radio Officiel relaie aussi le passage du secrétaire général du Syndicat national autonome de l’enseignement secondaire (Snaes), Roger Kaffo Fokou, qui déclare : « nous ne sommes pas heurtés par la vaccination, ce sont les mesures discriminatoires qui nous paraissent inacceptables). Sur la chaîne de télévision Canal 2 International le 21 octobre, l’émission quotidienne du soir « Le Débrief » a été consacré au thème suivant : « Vaccination contre le covid-19 : Paul Biya écoutera-t-il le cri du collectif des syndicats du Cameroun ? »

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Face à la vive polémique, il y a eu moins d’ardeur à appliquer les mesures restrictives précédemment annoncées. « Le 4 octobre, il fallait montrer patte blanche. Mais la tempête des réseaux sociaux a fait qu’on n’a plus rien demandé à personne. Une équipe de dépistage est venue pour tester les personnes qui n’avaient pas de vaccin », confie une source au sein du personnel de la Sopecam. Cette personne ajoute qu’on ne lui jamais rien demandé ; ni à l’entrée de l’entreprise, ni nulle part. 

La prescription reste le port du masque, même pour les personnes vaccinées. La source affirme qu’à la Sopecam, il n’y a « ni défiance, ni obligation » ; chaque personne choisissant ce qui l’arrange. 

Au Minfopfra, la sensibilisation a pris le pas et il n’y a aucune obligation signalée, selon plusieurs confidences. Au Minat, le sujet semble plus délicat. Une employée préfère garder le silence en lançant laconiquement : « la paix est bien ». 

A la Présidence de la République du Cameroun, un agent de l’État confie à 237 Check que la présentation du carnet de vaccination anti-Covid-19 n’est pas une obligation. Donc, les fonctionnaires non vaccinés qui y vont ne sont pas (encore ?) inquiétés.

Dans la région de l’Est, depuis la descente sur le terrain du gouverneur, les mesures qu’il a laissées sont peu appliquées. « Après les premiers jours, on ne prête plus attention à l’obligation de présenter un vaccin. Personnellement, je continue de faire mon test chaque semaine, il ne m’a jamais été demandé de présenter les résultats où que ce soit », confie une journaliste en poste dans la région.

Malgré cette réalité du terrain, beaucoup continuent de croire que le gouvernement a simplement reculé et cherche encore le moyen d’imposer la vaccination aux agents de l’Etat. Cette accusation repose sur des actes isolés et non sur un acte ou une sortie engageant l’ensemble du l’exécutif. Il n’existe aucune sortie publique ni du Président de la République, chef de l’Etat, ni du Premier ministre, chef du gouvernement, ni du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement.

Tous les ministres ayant organisé des campagnes de vaccination à l’intention leurs collaborateurs ont démenti l’obligation. Il s’agit du Minsanté, du Minat et du Minfopra. Ce dernier, au cours du point de presse du 20 octobre, faisait aussi une mise au point à l’attention des fonctionnaires et agents de l’Etat du Cameroun. « Notre démarche, qui se veut essentiellement persuasive, procède des hautes instructions du Premier ministre, chef du gouvernement, relatives à la stratégie de riposte contre la pandémie du coronavirus (COVID-19) dans notre pays. C’est dès lors en application de ces directives que le ministre de la Santé publique et le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative, ont proposé, comme action de pointe, l’intensification de la campagne de vaccination sur le territoire national, à l’intention de tous les personnels qui émargent dans le budget de l’Etat », a expliqué Joseph Le.

L’initiative visant les agents de l’Etat épouse la troisième campagne nationale d’intensification de la vaccination. Elle a démarré le 17 novembre et était censée durer 5 jours. 1 939 équipes de vaccination sont déployées sur le territoire national jusqu’au 21 novembre. La sensibilisation sera menée par 3 878 mobilisateurs sociaux. Le gouvernement vise un objectif d’au moins un million de doses de vaccin administrés aux personnes de 18 ans et plus. Il reste à pouvoir convaincre la population. Au 10 novembre dernier, seulement 1,2% de la population cible était complètement vaccinée.

Par Assongmo Necdem

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